Kofi Annan disparait alors que l’ONU apparait plus affaiblie que jamais
De nombreuses personnalités ont saluées
18 aout la mémoire de l’ancien secrétaire
général de l’ONU. Prix Nobel de la paix en 2001, le diplomate ghanéen a passé
l’arme a coté à quatre vingt ans au moment où l’ONU apparait comme affaiblie
que jamais…
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Vue sur Koffi Annan, receva son prix Nobel/Photo tiers |
Kofi
Annan est un diplomate hors norme. Avec lui vient de disparaitre une certaine
idée de diplomatie, policée, discrète, respectueuse du collectif et de
l’individu, convaincu des vertus de la négociation et du multilatéralisme. On
pouvait dire que l’Afrique vient de perdre un mentor et un guide au sein des
Nations Unies. Malgré son âge avancé, son âge était un atout pour des
consultations en internes. Mais ce qui vient d’arriver est là ; Kofi Annan
vient de passé l’arme à coté ce 18 aout à quatre vingt ans, après avoir
accréditer au rang de vedette de la diplomatie mondiale durant ses dix années
(1997-2007) à la tête des Nations Unies.
Fin
2006, un mois avant de quitter son poste
de secrétaire général de l’ONU après
bien sur dix ans de mandat, Kofi Annan promet de ne pas oublier l’Afrique. « Je ne suis pas fatigué et je voudrais
travailler sur l’Afrique, offrir mes conseils », glissait-il alors à
la presse. Un peu plus d’un an après, son désir est exaucé, l’Union Africaine
faisant ainsi appel à son expertise et
ses talents de diplomates pour faire office de médiateur dans la crise
politique kényane et y éteindre l’incendie des violences électorales. Plusieurs
personnalités kenyanes saluent la bravoure de ce Monsieur après cette
médiation. Aussi, en 2000, il avait annoncé depuis Adis-Abeba avec un plaisir
non dissimulé la fin de la très
meurtrière guerre entre l’Ethiopie et l’Erythrée, obtenue grâce à la
médiation de l’Algérie.
Parmi
ses actions en tant que secrétaire général des Nations Unies on notera que, Koffi Annan fut l’un de premier
comme toute une génération de responsables, diplomates et ministre des affaires
étrangères restera marqué à jamais par l’incapacité de la communauté
internationale à prévenir et empêcher le génocide au Rwanda en 1994, qui fit
800.000 morts selon l’ONU, essentiellement parmi la population Tutsi. Une de
cause qui pouvait mettre en nu le règne de Kofi Annan. Durant cette période, il
occupe depuis un an le poste de
secrétaire général de l’ONU lorsque les machettes des génocidaires s’abattent
sur les Tutsi et hutu modérés du Rwanda. Pourtant un jeu dont lui-même ne
pouvait pas s’en sorti car même la France étant un de promoteur et soutenant ce
génocide ne sachant pas en sortir une solution pour départager les
protagonistes. Une mission de maintien de paix de l’ONU (Minuar) est déployée
au Rwanda au moment du génocide, sous le
commandement militaire du général
canadien Roméo Dallaire, mais elle n’a pas arrêté les massacres, faute
de renforts dont l’envoi nécessitait un vite du Conseil de sécurité. C’est ainsi que Koffi Annan
reconnaitra après que son action a été insuffisante pour prévenir les massacres
certes un échec qu’on peut attribuer à ce vaillant combattant de l’Afrique aux
Nations Unies.
Jouir d’une élégance internationale
Certainement
dans ce monde, après votre mort ce sont des éloges qui s’en suivent. Mais certaines
personnalités politiques ou non peuvent
en voir davantage que d’autres. Koffi Annan est parmi l’un d’eux à en avoir.
Outre la crise kényane M. Annan avait supervisé en 2006, alors qu’il était
encore secrétaire général de l’ONU, un accord entre le Nigéria et le Cameroun
au sujet de la péninsule pétrolière de Bakassi, au centre d’un long différend
entre les deux pays. Fervent défenseur des droits de l’homme, et inlassable
avocat de la paix, même quand il était trop tard comme en Syrie, Kofi Annan,
dont on garde tous en mémoire la silhouette élégante et le visage à l’écoute,
était un diplomate de la fin du XXème siècle
égaré dans la folie de ce début de XXIe siècle. Il disparait, à 80 ans,
au moment où l’ONU apparaît plus affaiblie que jamais, dépassée par le retour
des égoïsmes nationaux, la montée des extrêmes et la tentation du repli sur
soi.
Une expérience élogieuse
Nommé
à la tête de l’ONU grâce au soutien de l’Amérique qui pensait en faire son
obligé, Kofi Annan cherchera à s’émanciper de cette ombre tutélaire notamment
au moment de la guerre en Irak qu’il cherchera vainement à empêcher, une guerre
qu’il jugeait « illégale ». Lauréat du Prix Nobel en 2001, il se
montrera incapable, comme nombre de ses prédécesseurs ou successeurs lauréats
(Shimon Pérès, Yitzhak Rabin, Yasser Arafat, Barack Obama), de faire appliquer
ce qu’il professait à longueur discours. Avec ses racines africaines, son
éducation britannique, son père haut cadre dans une entreprise anglaise, sa femme étant une suédoise et sa
vie américaine, Annan porte la volonté d’un consensus comme une nécessité
intérieure. Il est nommé le 23 février 2012 émissaire conjoint de l’ONU et de
la Ligue arabe sur la crise en Syrie.
Il
sied de noter que plusieurs personnalités mondiales ont adressées ou saluées ce
18 aout la mémoire de l’ancien secrétaire de l’ONU, guise de reconnaissance et
d’u artisan de la paix.
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