lundi 20 août 2018

Kofi Annan disparait alors que l’ONU apparait plus affaiblie que jamais



De nombreuses personnalités ont saluées 18 aout la mémoire  de l’ancien secrétaire général de l’ONU. Prix Nobel de la paix en 2001, le diplomate ghanéen a passé l’arme a coté à quatre vingt ans au moment où l’ONU apparait comme affaiblie que jamais…
Vue sur Koffi Annan, receva son prix Nobel/Photo tiers

Kofi Annan est un diplomate hors norme. Avec lui vient de disparaitre une certaine idée de diplomatie, policée, discrète, respectueuse du collectif et de l’individu, convaincu des vertus de la négociation et du multilatéralisme. On pouvait dire que l’Afrique vient de perdre un mentor et un guide au sein des Nations Unies. Malgré son âge avancé, son âge était un atout pour des consultations en internes. Mais ce qui vient d’arriver est là ; Kofi Annan vient de passé l’arme à coté ce 18 aout à quatre vingt ans, après avoir accréditer au rang de vedette de la diplomatie mondiale durant ses dix années (1997-2007) à la tête des Nations Unies.
Fin 2006, un mois   avant de quitter son poste de secrétaire  général de l’ONU après bien sur dix ans de mandat, Kofi Annan promet de ne pas oublier l’Afrique. « Je ne suis pas fatigué et je voudrais travailler sur l’Afrique, offrir mes conseils », glissait-il alors à la presse. Un peu plus d’un an après, son désir est exaucé, l’Union Africaine faisant  ainsi appel à son expertise et ses talents de diplomates pour faire office de médiateur dans la crise politique kényane et y éteindre l’incendie des violences électorales. Plusieurs personnalités kenyanes saluent la bravoure de ce Monsieur après cette médiation. Aussi, en 2000, il avait annoncé depuis Adis-Abeba avec un plaisir non dissimulé la fin de la très  meurtrière guerre entre l’Ethiopie et l’Erythrée, obtenue grâce à la médiation de l’Algérie.
Parmi ses actions en tant que secrétaire général des Nations Unies  on notera que, Koffi Annan fut l’un de premier comme toute une génération de responsables, diplomates et ministre des affaires étrangères restera marqué à jamais par l’incapacité de la communauté internationale à prévenir et empêcher le génocide au Rwanda en 1994, qui fit 800.000 morts selon l’ONU, essentiellement parmi la population Tutsi. Une de cause qui pouvait mettre en nu le règne de Kofi Annan. Durant cette période, il occupe depuis un an  le poste de secrétaire général de l’ONU lorsque les machettes des génocidaires s’abattent sur les Tutsi et hutu modérés du Rwanda. Pourtant un jeu dont lui-même ne pouvait pas s’en sorti car même la France étant un de promoteur et soutenant ce génocide ne sachant pas en sortir une solution pour départager les protagonistes. Une mission de maintien de paix de l’ONU (Minuar) est déployée au Rwanda au moment  du génocide, sous le commandement militaire du général  canadien Roméo Dallaire, mais elle n’a pas arrêté les massacres, faute de renforts dont l’envoi nécessitait un vite du Conseil  de sécurité. C’est ainsi que Koffi Annan reconnaitra après que son action a été insuffisante pour prévenir les massacres certes un échec qu’on peut attribuer à ce vaillant combattant de l’Afrique aux Nations Unies.
Jouir d’une élégance internationale
Certainement dans ce monde, après votre mort ce sont  des éloges qui s’en suivent. Mais certaines personnalités politiques ou non  peuvent en voir davantage que d’autres. Koffi Annan est parmi l’un d’eux à en avoir. Outre la crise kényane M. Annan avait supervisé en 2006, alors qu’il était encore secrétaire général de l’ONU, un accord entre le Nigéria et le Cameroun au sujet de la péninsule pétrolière de Bakassi, au centre d’un long différend entre les deux pays. Fervent défenseur des droits de l’homme, et inlassable avocat de la paix, même quand il était trop tard comme en Syrie, Kofi Annan, dont on garde tous en mémoire la silhouette élégante et le visage à l’écoute, était un diplomate de la fin du XXème siècle  égaré dans la folie de ce début de XXIe siècle. Il disparait, à 80 ans, au moment où l’ONU apparaît plus affaiblie que jamais, dépassée par le retour des égoïsmes nationaux, la montée des extrêmes et la tentation du repli sur soi.
Une expérience élogieuse
Nommé à la tête de l’ONU grâce au soutien de l’Amérique qui pensait en faire son obligé, Kofi Annan cherchera à s’émanciper de cette ombre tutélaire notamment au moment de la guerre en Irak qu’il cherchera vainement à empêcher, une guerre qu’il jugeait « illégale ». Lauréat du Prix Nobel en 2001, il se montrera incapable, comme nombre de ses prédécesseurs ou successeurs lauréats (Shimon Pérès, Yitzhak Rabin, Yasser Arafat, Barack Obama), de faire appliquer ce qu’il professait à longueur discours. Avec ses racines africaines, son éducation britannique, son père haut cadre dans une entreprise  anglaise, sa femme étant une suédoise et sa vie américaine, Annan porte la volonté d’un consensus comme une nécessité intérieure. Il est nommé le 23 février 2012 émissaire conjoint de l’ONU et de la Ligue arabe sur la crise en Syrie.
Il sied de noter que plusieurs personnalités mondiales ont adressées ou saluées ce 18 aout la mémoire de l’ancien secrétaire de l’ONU, guise de reconnaissance et d’u artisan de la paix.

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