Edito ; RDC : Une longue marche, prend forme
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Félix Tshisekedi, président de la RDCongo |
Ouf !
Le processus a été incroyablement long, couteux, parfois chaotique, marqué par
le doute et les rebondissements divers mais il a finalement abouti sous la
patience du peuple congolais qui attend l’amélioration des conditions sociaux-économiques.
A Kinshasa,
la Cour constitutionnelle n’a tenue aucun compte de la recommandation émanant
de plusieurs pays membres de l’Union africaine, qui avaient souhaité que soit « suspendue »
la proclamation des résultats finaux des élections du 30 décembre dernier. Pourtant
dans la nuit de samedi à dimanche, les
cinq juges ont rendus l’arrêt. Rejetant le recours déposé par Martin Fayulu,
ils ont confirmé que Félix Tshisekedi ayant obtenu 38% des voix, était bien le
vainqueur du scrutin et qu’il est donc le futur président de la République
Démocratique du Congo. A 55 ans, le fils du feu opposant Etienne Tshisekedi,
décédé voici deux ans, réalise le rêve de son père. Il mettra en œuvre la première
transmission pacifique du pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1960. Il l’obtient la satisfaction sur le principe
de l’alternance de l’accession d’un opposant à la présidence, les Congolais
auraient ainsi accepté l’élection de Félix Tshisekedi, sans se mobiliser de
plus pour Martin Fayulu. Ce dernier n’était pas à mesure de défier les
stratagèmes de Joseph Kabila, président sortant, alors que prétendu favori. Il était
aussi opposé aux élections et à la machine à voter, sans toutefois être soutenu
par un parti politique bien implanté. Appuyé par ses sponsors étrangers, il
avait surtout symbolisé la radicalité de l’opposition au système de Kabila.
D’aucuns
présentent d’ors et déjà Félix Tshisekedi comme l’otage de Joseph Kabila,
sénateur à vie, à la tête d’une coalition politique qui dominera l’Assemblée
nationale. Cette hypothèse n’est évidemment pas à écarter mais tous ceux qui n’avaient
pas vu Félix arriver doivent se souvenir que la tortue, sous sa carapace, sait
elle aussi où elle veut aller et que la cohabitation peut être le meilleur
moyen de conjurer la guerre. S’il n’as pas d’expérience directe du pouvoir,
Félix fut en tout cas été un témoin privilégié du combat de son père, de son
travail mais aussi de ses foucades et de ses échecs.
Calme,
posé, doté d’un solide bon sens et d’un
parlé clair, le fils ainé en impose par sa carrure et, à plusieurs reprises
durant la campagne comme le jour des élections, nous l’avons vu tenir des
propos empreints de modération, qu’il s’agisse de la machine à voter ou du
report momentané du scrutin. Alors que le lièvre Fayulu courait vite, parlait
beaucoup et soulevait les foules à travers le pays, Félix, en compagnie de
Vital Kamerhe son directeur de campagne, efficace et expérimenté, enchaînait
les meetings sans être autrement inquiété, manifestant une inébranlable
confiance en soi. Dans les cénacles certes, on se gausse encore du manque de diplômes
de Félix, considérant que cette fragilité pourrait affaiblir sa position
politique, même si les certificats attestant de son expérience professionnelle,
entre autres à la Poste sont eux bien réels, on souligne son absence d’emprise
sur les services de sécurité, sur l’armée et la police, sans parler d’une
possible ignorance des grands enjeux économiques et du secteur des Finances. Cependant,
sur le long terme, le véritable défi est ailleurs. Un seul point a fait l’unanimité
des électeurs, c’est l’espoir d’un changement. L’exigence d’un pays plus juste,
plus beau qu’avant, plus social, moins miné par l’arrogance et la corruption,
moins menacé par la violence. Un pays où la diaspora pourra revenir, un pays
qui sera envié par ses voisins où les enfants pourront grandir en paix sans être
inquiet et où tout le monde, enfin, pourra profiter des ressources et préparer
une vie meilleure. C’est à cette aune là que sera jugé le fils d’Etienne Tshisekedi.
Pas le qualifié sur ses 100 jours au pouvoir.
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